Chronique Sexo – Janvier 2022

Les bons mots
(Janvier 2022)

À chaque famille ses variantes : « zizi », « zouine », « quéquette », « noune », « minette ». Tant de petits noms pour parler des organes génitaux sans avoir à les nommer. Trop souvent, on a appris, lorsqu’on était enfant, que c’était tabou et gênant de parler de nos corps, mais en tant que parents, à nous de renverser les choses et mettre de côté cette (pas si bonne) habitude !

L’originalité, à éviter

“Madame, en fin de semaine mon cousin m’a fait souffler dans sa flute”, “dans le bain on a joué avec ma baguette magique” ou encore “ma tante m’a montré son minou, c’était drôle” ça peut passer inaperçu dans la journée d’enseignants, d’éducateurs, d’intervenants et même de parents qui passent plusieurs heures par jour à entendre des mots d’enfants. Parfois on passera à côté de jeux sexuels normaux dans l’enfance, mais on pourrait aussi passer à côté d’une tentative de dévoilement d’une agression sexuelle. On va se le dire, “quelqu’un a voulu toucher mon pénis” ou “un(e) adulte m’a montré/demandé de jouer avec ses parties intimes”, ça laisse beaucoup moins de place à l’interprétation et ça augmente les chances que des interventions appropriées soient mises en place pour aider notre enfant et assurer sa sécurité. J’avais d’ailleurs été marquée par l’histoire vécue d’une enseignante à qui une élève d’âge primaire avait voulu se confier en lui disant “quelqu’un a essayé de manger mon biscuit”, et à qui elle avait répondu “c’est bien de partager”.

De nombreux avantages

Les avantages d’utiliser les bons termes sont nombreux et vont au-delà de la prévention des agressions sexuelles ou leur dévoilement. À la longue, les enfants auront une meilleure aisance à parler des différentes parties de leur corps. Pour décrire un mal à un médecin, “j’ai mal au genou” c’est plus précis que “j’ai mal à la jambe”, alors pourquoi ne pas permettre leur permettre de s’exprimer aussi clairement pour leur “vulve”, “clitoris”, “vagin”, “pénis”, “gland”, “testicules”, “fesses”, “anus” etc. Éventuellement, cette connaissance de leur corps se traduira aussi par une meilleure compréhension de leurs fonctions sexuelles et les aidera à poser les questions qui les tracassent avec plus d’exactitude. Leurs questionnements seront plus clairs et il sera plus facile d’y répondre pour qu’ils comprennent s’ils ont les bons mots pour en parler, et ce sans malaise. Il est normal que les enfants commencent à poser des questions sur leur corps très tôt, dès l’âge de deux ou trois ans, où ils comprennent entre autres que les corps des garçons et des filles sont différents.  Plus tard, cela contribuera à une saine exploration de leur sexualité et une plus grande facilité à parler de santé sexuelle, de prévention des ITSS et des grossesses lorsque ces sujets seront abordés à l’école. Croyez-moi, c’est plus agréable pour tout le monde, et spécialement pour l’enfant qui pose une question, lorsqu’on arrive à passer par-dessus l’étape où dire « pénis » à voix haute est la meilleure blague qu’on peut faire en classe. De la part de celle qui anime des ateliers avec des enfants et adolescents comme métier!

Comment faire ?

Pas besoin de sortir les planches anatomiques et graphiques détaillant chaque partie de leur anatomie, on peut faire ça très simplement, dans la vie de tous les jours lorsque l’occasion se présente. L’heure du bain est un excellent moment d’apprentissage! On peut nommer les parties du corps que l’on lave et en profiter pour expliquer quelles sont celles qui sont privées et que personne ne devrait voir ou toucher (à part un groupe très restreint de personnes pour les questions d’hygiène et de santé). Lorsqu’on change de vêtements, lorsqu’on va chez le médecin ou simplement à n’importe quel moment où l’enfant pose des questions, on y répond. On peut aussi profiter des moments de lecture avec nos touts petits pour inclure quelques notions! Le Blogue à part propose d’ailleurs plusieurs imagiers gratuits à télécharger, que l’on peut regarder sur la tablette ou encore imprimer, pour regarder avec notre enfant! Celui sur le corps humain est relativement complet et détaillé et peut être un bon point de départ aux discussions sur le corps et ses fonctions. Trouvez les ici : https://blogueapart.com/2020/08/11/mes-imagiers/

L’idée est de faire en sorte qu’il soit normal d’en parler et d’utiliser les bons mots, comme pour n’importe quelle autre partie de leur corps, sans en faire trop non plus. Ainsi, on élimine le malaise parfois associé aux organes génitaux et on aide son enfant à avoir les outils pour comprendre son corps et savoir en parler.

Références :

Bourassa, M-E. (2020). Apprendre à nommer les parties intimes. https://www.mamanpourlavie.com/enfant/3-a-5-ans/sante/sexualite/12949-apprendre-nommer-les-parties-intimes.thtml

Naître et grandir. (s.d.). Parler de sexualité avec son enfant. https://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/viefamille/fiche.aspx?doc=parler-sexualite-enfant